Karine Giboulo

Village Démocratie

Installation

Exposition du mardi 20 septembre au samedi 29 octobre 2011

Vernissage le mardi 20 septembre 2011 à 19 h

Rédigé par Marjolaine Arpin, avec une traduction anglaise par Marcia Couëlle, un opuscule a été lancé le soir du vernissage.

Plein sud ouvre sa nouvelle programmation avec une exposition de la jeune artiste québécoise Karine Giboulo. Bien que née en 1980, l’artiste, dont les œuvres ne font l’objet d’expositions individuelles que depuis 2006, offre un travail qui attire l’attention et qui fait l’objet de plusieurs expositions au Québec et à l’étranger, captant l’intérêt des médias écrits et électroniques.

L’installation présentée à Plein sud est constituée de plusieurs modules servant de terrain à de petits personnages façonnés et placés dans leur habitat. Composant des microcosmes de société très élaborés où se côtoient le réel et l’imaginaire, les modules offrent autant de scènes qui semblent croquées sur le vif. Le plaisir de les observer vient de l’accumulation et de l’à-propos du détail, tant dans l’apparence des personnages que de leurs environnements respectifs.

Quoique le travail Village Démocratie a déjà été présenté en galerie sous différentes phases de développement, on pourra l’observer à Plein sud pour la première fois au Québec. L’œuvre exerce un grand pouvoir d’évocation et stimule notre imagination. Les petits univers que nous découvrons sont à la fois intimistes et spectaculaires. Ils s’affichent avec bonhomie et une fausse naïveté, nous faisant prendre conscience avec justesse de cruelles réalités liées à la mondialisation de l’économie, à la surpopulation, à l’écart entre les pays riches et les pays pauvres.

Alors même que le lieu qui donne son titre à l’exposition est clairement identifié — Village Démocratie est situé en banlieue de Port-au-Prince —, l’œuvre ne présente pas un portrait photographique de la réalité. Elle met plutôt en scène un ensemble de caractéristiques constatées par l’artiste lors d’un voyage en Haïti. Ce qui nous est donné à voir est universel et se retrouve indifféremment partout où deux réalités bien différentes se côtoient : pauvreté et richesse. Ainsi, l’organisé, la ligne propre et les textures lumineuses et glacées des hauts édifices à bureaux où se concentre l’abondance s’opposent à la bassesse, au désorganisé et aux méandres tortueux des venelles dans lesquelles s’accumulent la saleté et les matériaux hétéroclites qui en constituent les habitations. L’artiste prend également plaisir à rapprocher et télescoper ces univers, alors que le bidonville s’imbrique et s’accroche aux murs sans aspérités des tours modernes. De fait, la distance entre ces deux univers est une illusion et le travail de Giboulo nous rappelle constamment que nous vivons dans un village global. Il nous invite, avec une dose d’humour, à prendre conscience d’enjeux difficiles liés à la mondialisation et à constater que notre bien-être repose pour la plupart du temps sur une concentration structurelle de la richesse, basée sur l’exploitation et l’absence de partage.

— Richard Théroux


Depuis quelques années, Karine Giboulo a entrepris un travail artistique où s’articule une critique sociale sur les thèmes d’actualité que sont la mondialisation, la surconsommation et l’exploitation abusive des ressources matérielles et humaines. Bien qu’il s’agisse de questions lourdes, souvent difficiles, l’artiste les aborde néanmoins sous une forme ludique grâce à de petits personnages qu’elle façonne à l’aide de pâte à modeler.

Ceux-ci prennent place au cœur d’îlots qui sont autant de scènes qui semblent croquées sur le vif et qui révèlent au spectateur les relations de pouvoir qui sont à l’œuvre dans le monde contemporain. Après un voyage en Chine qui lui aura inspiré une série d’œuvres sur les conditions de travail des ouvriers des chaînes de production, l’artiste s’est rendue en Haïti où elle a visité le bidonville au nom ironique de Village Démocratie, en banlieue de Port-au-Prince. C’est cet autre milieu de vie qui a inspiré à l’artiste l’exposition éponyme qu’elle présente à Plein sud. Loin d’être une simple illustration de ce qu’elle a découvert dans l’île des Caraïbes, l’œuvre propose plutôt un parcours au cœur de deux mondes qui s’opposent. D’une part, un monde rectiligne où de hautes tours miroitantes supportent les activités de loisir des biens nantis, d’autre part les lignes sinueuses des quartiers démunis qui se faufilent dans tous les interstices du premier monde en portant la misère des défavorisés. Ici, la puissance du clivage entre les riches et les pauvres, entre l’hémisphère nord et l’hémisphère sud, entre l’opulence et l’indigence est manifeste dès le premier coup d’œil. L’exposition nous invite donc à nous interroger sur la condition humaine moderne où, trop souvent, même sous le couvert de la démocratie, l’homme devient une bête pour l’homme.

— Guillaume Sirois

{Village Démocratie} (détail de l’installation)
2010-2011. Bois, miroirs, sculpey, tissus, sable, plastique, métal, écran LED et autres matériaux divers. Photo : Mendel Art Gallery

Notice biographique

Née en 1980 à Sainte-Émélie-de-l’Énergie (Québec), Karine Giboulo vit et travaille à Montréal. Études en histoire de l’art, Université de Montréal, Montréal. Elle expose depuis 2005.

À voir également

L’installation Village Démocratie sera également présentée en 2012-2013 à Montréal à Circa, centre d’exposition art contemporain et à la Maison de la culture Mercier, ainsi qu’à Buffalo (New York, États-Unis) au Buffalo Art Studio.


Publication

Village Démocratie, couvertureMarjolaine Arpin
Karine Giboulo : Village Démocratie
Longueuil : Plein sud, centre d’exposition
2011, 16 pages


Samedis Arts-Jeux

Offerts en collaboration avec la Direction de la culture, du loisir et de la vie communautaire de l’arrondissement du Vieux-Longueuil, les Samedis Arts-Jeux permettent aux familles de découvrir l’exposition de l’artiste Karine Giboulo grâce à un atelier d’arts plastiques. Cette activité est gratuite et se déroule en continu de 14 h à 16 h tous les samedis d’exposition, soit le 24 septembre et les samedis 1e, 8, 15, 22 et 29 octobre 2011.

Bienvenue à tous !