Depuis plusieurs années, Claire Lemay se passionne pour la gravure sur bois et pour son histoire. Dans une série récente, Les témoins, elle intégrait à ses estampes les premières images religieuses diffusées au XVe siècle à l’aide de cette technique. L’exposition qu’elle présente à Plein sud, Les annales de la cour, constitue en fait le pendant profane de cette recherche. Pour ce projet, l’artiste a puisé son inspiration dans la riche histoire de la carte à jouer dont la production à grande échelle a été rendue possible grâce à la xylographie.
L’exposition Les annales de la cour est composée de deux ensembles de douze estampes chacun. Les linogravures du premier réfèrent aux figures de tête du cartier français Hector de Trois, actif au milieu du XVIIe siècle, alors que les gravures sur bois du second reprennent les motifs développés par le cartier Grimaud au XIXe siècle. Il se dégage de ces deux productions un respect du métier, une grande maîtrise technique et une fidélité pour l’iconographie de la carte à jouer, iconographie qui est demeurée d’ailleurs quasi inchangée au fil du temps. Cependant, cet attachement à une tradition séculaire n’empêche pas Claire Lemay d’engager son travail dans une démarche résolument contemporaine, notamment par les choix de support et de mise en espace qu’elle opère. Tout d’abord, les estampes sont présentées sur de la gossamer, une fibre industrielle dont la souplesse et la transparence rappellent un fin papier japonais. Rectangulaires et de grandes dimensions, ces estampes sont suspendues et font penser à des oriflammes. Blanches ou crème, imprimées ton sur ton, elles se font légères, presque immatérielles et déjouent en ce sens l’idée de rigidité que l’on associe habituellement à la gravure sur bois. Claire Lemay prend également ses distances avec une présentation conventionnelle de la gravure en privilégiant un rapport à l’espace qui l’amène du côté de la sculpture. Les bannières se déploient dans la salle d’exposition, engagent un dialogue avec l’architecture du lieu, montrent le recto et le verso des estampes et invitent le visiteur à circuler entre celles-ci. Pour compléter la mise en exposition, l’artiste présente les plaques qui ont servi à l’impression des deux ensembles de gravures. Ces bas-reliefs constituent un rappel de plus à l’univers sculptural et suggèrent au visiteur le trajet parcouru entre le travail du ciseau ou de la toupie dans la matière et l’image finale, le trajet parcouru entre le passé et le présent.
— Sylvie Pelletier
Notice biographique
Née à Fortierville, Claire Lemay vit et travaille à Longueuil. Titulaire d’un baccalauréat en pédagogie (Université Laval, Québec, 1971) et d’un baccalauréat en arts visuels — option gravure (Université du Québec à Montréal, Montréal, 1985), elle a présenté depuis 1994 quelques expositions individuelles au Québec et une au Mexique. Depuis 1987, ses nombreuses participations à des manifestations internationales de gravure au Québec et à l’étranger (France, Espagne, Pologne, Irlande, Japon, Cuba, Suisse, Argentine, Corée) ne se comptent plus. En 2002, elle remportait le troisième prix du Conseil québécois de l’estampe dans le cadre de l’exposition Miniare, 2e Biennale internationale d’estampes miniatures de Montréal et en 2003, le Prix Collection Loto-Québec lors de la Biennale internationale d’estampe contemporaine de Trois-Rivières. Ses œuvres figurent dans plusieurs collections publiques et d’entreprises du Québec ainsi que dans des collections privées au Québec, en Suisse et au Mexique. Claire Lemay est également cofondatrice et directrice du Zocalo, un atelier d’art de Longueuil voué à l’estampe.
Remerciements
La députée de Longueuil—Pierre-Boucher, madame Caroline St-Hilaire et le député de Saint-Lambert, monsieur Maka Kotto sont heureux de parrainer l’exposition Les annales de la cour de l’artiste longueuilloise Claire Lemay.
L’artiste remercie la Société de développement des arts et de la culture de Longueuil (SODAC) pour son soutien financier ainsi que Gilles Prince pour sa précieuse collaboration.