Depuis le début des années 2000, le duo formé par Jean-François Cooke et Pierre Sasseville s’est fait connaître par des propositions plastiques qui abordent différentes préoccupations tant collectives qu’individuelles telles que la quête du bonheur ou encore la sexualité. Avec Si j’avais su..., Cooke-Sasseville a choisi de se pencher plus particulièrement sur la fonction de l’art dans la société et sur le rôle de l’artiste au sein de celle-ci.
Dans la pénombre de la salle d’exposition, Cooke-Sasseville a mis en scène deux mannequins qui, tels des parachutistes à qui il serait arrivé un malheur, sont suspendus au plafond, empêtrés dans leurs cordages. Au sol, des caisses de transport, pas encore ouvertes, ont l’air de contenir des œuvres. Vêtus de combinaisons orange, de casques de motoneige et de bottes de caoutchouc blanc, ridicules dans leurs fâcheuses positions, les deux personnages portent à rire. Mais bientôt, un malaise s’installe. N’assistons-nous pas à l’échec d’une tentative de sauvetage du monde par l’art ? Puis, en observant de plus près les costumes, le malaise s’intensifie. En effet, l’on constate qu’ils sont, à l’instar de ceux des coureurs automobiles, ornés d’une multitude d’écussons. Il s’agit en fait des logos des divers organismes subventionneurs ou de diffusion qui ont soutenu Cooke-Sasseville jusqu’à maintenant. En choisissant d’exhiber ainsi ses « commanditaires » alors qu’il est dans le pétrin, le tandem semble pointer du doigt la pression exercée par le milieu de l’art. Un milieu axé sur la performance et où la qualité artistique se jauge trop souvent au nombre de badges récoltés ainsi qu’à la notoriété des noms qui y sont inscrits... À n’en pas douter, sous des dehors humoristiques, l’installation de Cooke-Sasseville laisse percer de profondes inquiétudes sur la nature des liens qui unissent l’artiste, l’art et la société.
— Sylvie Pelletier
Notice biographique
Jean-François Cooke et Pierre Sasseville vivent et travaillent à Québec où ils ont complété en 2003 une maîtrise en arts visuels (Université Laval). Leur travail de collaboration sous le nom de Cooke-Sasseville a débuté en 2000. Depuis, le duo a présenté une dizaine d’expositions individuelles et participé à quinze expositions collectives un peu partout au Québec. En 2008, l’on pourra voir de ses œuvres au Musée national des beaux-arts de Québec, au Musée d’art contemporain de Montréal ainsi qu’à Reims en France.
Remerciements
Cooke-Sasseville remercie les donateurs de la Bourse Plein sud, Monsieur Charles S.N. Parent, vice-président de La Financière Banque Nationale, le collège Édouard-Montpetit et Plein sud.