L’œuvre photographique Jongler est une sélection de neuf images provenant de celles qui ont servi à la création de la vidéo d’animation du même nom. Cette œuvre, ayant recours à l’obscurité et à la lumière pour mesurer le temps, semble difficile à inscrire dans un rapport signifiant. La femme, inconsciente de la vie qui l’entoure, porte une attention intense à quelque chose qui dépasse notre entendement. Elle ignore le monde terre-à-terre et matériel. Elle n’est pas tentée par le serpent ou par la possibilité de fuir. Ses propres besoins corporels sont évoqués par le verre d’eau et par la vaisselle dans le lavabo, mais elle les ignore, que ce soit par narcissisme ou par solipsisme. La vitre par laquelle elle regarde à l’extérieur devient, à divers moments du jour et de la nuit, un miroir. Pendant trois jours et nuits, elle attend, immobile, mais aucun sauveur ne fait son apparition. Une force infinie aussi bien qu’une résignation infinie sont requises pour maintenir en vie le fantasme de la résurrection, de la rédemption.
— Notes adaptées d’un texte de Alison Syme, Diane Landry, installations & performances 2008-2009, catalogue-DVD, l’Œil de Poisson, Québec, 2010.