Qui sommes-nous ? Qu’est-ce qui détermine notre sexe ? Comment nous définir en cette époque où la technologie remet en question notre rapport à nous-mêmes et aux autres ? Telles sont les grandes questions qui sous-tendent la démarche artistique de Dominique Paul.
Avec La Série des Avatars, l’artiste poursuit son travail en proposant des œuvres photographiques qui mettent en contact le passé et le présent. Pour les réaliser, elle projette sur un modèle des portraits puisés dans l’histoire de l’art. Le corps humain fait ainsi office d’écran et se métamorphose au gré des projections. Devant ces images, le visiteur s’interroge sur l’identité véritable du modèle de même que sur les moyens techniques utilisés pour parvenir à cette rencontre entre deux espaces-temps. Dans les réalisations plus récentes, le rapport à la technologie se fait plus présent. En altérant l’image projetée, Dominique Paul dématérialise l’espace et baigne ses sujets dans la lumière. On dirait que ceux-ci viennent d’un autre monde ou encore qu’ils sont intégrés à des réseaux de transmission d’information. En fin de compte, par l’ensemble des œuvres exposées, l’artiste nous transmet des éléments pour une définition de l’être humain qui s’articule autour des notions d’ambiguïté, de mouvance et de relation avec l’environnement.
Les personnages de Dominique Paul ne sont pas des fantômes, ni des anges, ni des monstres, mais plutôt des êtres intermédiaires sur le palimpseste de la pellicule et de la vie. La photographie est l’illusion de la captation de la vie. « On ne doit pas retenir le corps vivant tout entier » écrit Bioy Casares, mais « chercher à conserver seulement ce qui intéresse la conscience ». Ces images sont la trace de ce que « voit » la caméra, outil artificiel, et non, à strictement parler, ce que « voit » l’artiste au moment de la prise de vue. Trace de l’impossible humain.
Annick Bureaud
Notices biographiques
Dominique Paul est née à Montréal en 1962. Elle vit et travaille à Longueuil.
Maîtrise en Beaux-Arts, College of Fine Arts, University of New South Wales, Sydney (Australie), 1998-2000 ;
Projet de recherche de 2e cycle, Université Concordia, Montréal ;
Baccalauréat en arts visuels, Université du Québec à Montréal, Montréal, 1991-1995 ;
Expose depuis 1994.
Annick Bureaud vit et travaille à Paris en France. Elle est critique d’art électronique (Art Press), directrice du site web Leonardo/Olats sur l’art et les techno-sciences (http://www.olats.org). Elle est également fondatrice et responsable éditoriale du guide international des arts électroniques, IDEA Online (http://www.nunc.com).
Remerciements
L’artiste remercie Annick Bureaud, Rénald Lavallée (L’Artisan de la photo), Neal Armstrong, Dalia Chauveau ainsi que tous ses modèles.