Éric Lamontagne privilégie la photographie, la peinture et l’installation pour élaborer des œuvres qui s’amusent à brouiller les frontières entre la réalité et la fiction, le vrai et le faux de même qu’entre la science et l’art. L’exposition qu’il présente à Plein sud se veut la poursuite d’une démarche amorcée lors d’un projet précédent qu’il avait intitulé Comment les animaux voient-ils ? Dans ce dernier, l’artiste se mettait en scène dans le personnage d’un savant fou et montrait comment diverses espèces animales le percevaient selon leurs performances oculaires respectives.
- Guilda vu par la grenouille, 2005
- Acrylique, transfert acrylique, huile sur toile, impression au jet d’encre, thermoplastique, 56 x 71,1 cm
Avec Comment les animaux voient-ils les vedettes ?, le savant fou est toujours en action, mais uniquement derrière la caméra. Poussant un cran plus loin ses recherches et sa réflexion, Éric Lamontagne propose douze études de cas qui documentent comment différents animaux perçoivent les célébrités. Pour ce faire, il a puisé ses sujets dans différentes sphères de la culture québécoise, allant de l’artiste de variétés à l’écrivain, en passant par la chanteuse, le comédien, la productrice, l’animateur, etc. Pour chaque cas, une planche aux allures de page d’encyclopédie illustrée montre la photographie du sujet telle que vue par l’expèce animale sélectionnée ainsi qu’une vignette explicative sur le type de vision dont il est question. Des textes complémentaires ou des schémas complètent parfois la présentation. Par exemple, l’on y apprend que la grenouille ne peut percevoir Jean Guilda que si celui-ci est en mouvement. Ou encore, que le caméléon a deux yeux indépendants et qu’il peut donc voir simultanément Marc Labrèche et une partie du laboratoire dans lequel se sont déroulées les expériences. Ici et là, Éric Lamontagne a semé des indices visuels et textuels qui donnent graduellement au visiteur une idée du projet dans son ensemble. Au fil des lectures et des découvertes qui lui sont transmises, le visiteur imagine le laboratoire, son environnement aseptisé, son équipement complexe et ses animaux branchés sur des électrodes afin que le scientifique puisse littéralement occuper leur cerveau et avoir accès à ce qu’ils voient. En ce sens, l’exposition d’Éric Lamontagne consiste moins à présenter les résultats de ses recherches qu’à donner accès à un univers complètement loufoque, et ce, sous des dehors d’une froideur clinique et d’un sérieux on ne peut plus scientifique.
En proposant un art qui prend le relais de la science pour imaginer comment les animaux voient, Éric Lamontagne met en place un dispositif qui questionne la supposée objectivité du regard photographique ainsi que celle de la science. Et, au-delà de la dimension humoristique, il remet en question nos habitudes de perception ainsi que le culte que nous vouons aux célébrités.
— Sylvie Pelletier
Notice biographique
Né en 1966 à Saint-Hyacinthe, Éric Lamontagne vit et travaille à Montréal. Il est titulaire d’un baccalauréat en arts visuels de l’Université Concordia (1995) ainsi que d’un baccalauréat en enseignement des arts plastiques de l’Université du Québec à Montréal (1999). Depuis 1995, il a présenté une dizaine d’expositions individuelles, dont une à Tokyo. Son travail a également été vu dans plusieurs expositions collectives surtout au Québec, mais également en Hollande (Eindhoven), en Belgique (Bruxelles) et au Japon (Kitakyushu). On retrouve ses œuvres dans plusieurs collections publiques et d’entreprises du Québec, dont la collection Prêt d’œuvres d’art du Musée national des beaux-arts du Québec, celle du Cirque du Soleil et celle du Centre Pierre-Péladeau.
Remerciements
Éric Lamontagne remercie le Conseil des arts et des lettres du Québec et la Fondation du maire de Montréal pour la jeunesse pour leur soutien financier. Il remercie aussi les donateurs de la Bourse Plein sud, soit monsieur Charles S.N. Parent, vice-président de La Financière Banque Nationale et le collège Édouard-Montpetit.
L’artiste désire aussi remercier Xuân-Huy Nguyen pour sa collaboration, l’Atelier Clark et, bien sûr, les vedettes pour leur participation.