La pratique photographique de Fiona Annis se présente sous diverses formes, mariant parfois le texte, la sculpture, l’installation ou le son. Cet éventail de médias et de technologies hybrides permet à l’artiste d’exprimer le temps, tout particulièrement en ce qui l’intéresse dans les diverses façons dont le passé habite le présent. Son approche, que l’artiste qualifie d’« anachronique », explore les relations photographiques avec les objets, les images et les technologies venues du passé. En récupérant et en actualisant des histoires aujourd’hui oubliées ou négligées, la photographe enregistre les apparitions et les disparitions liées au passage du temps, en leur trouvant ainsi de nouvelles significations.
La série d’images regroupées dans l’exposition à Plein sud, intitulée Les révolutions sidérales, explore les échanges qui se produisent entre des éléments rapprochés. Ce projet s’appuie principalement sur l’étude des étoiles doubles : des systèmes composés de deux étoiles liées entre elles, qui poursuivent une orbite gravitationnelle commune. L’exposition comprend des photographies et des citations, de même qu’une ingénieuse machine lumineuse activée par le spectateur, qui prennent comme point de départ les enchevêtrements astraux et leurs reflets terrestres. L’intérêt de Fiona Annis pour les relations entre l’astronomie et la photographie, ainsi que pour les rythmes du temps et ses chevauchements, se retrouvent également dans les projets qu’elle élabore dans le cadre de sa collaboration régulière avec le collectif artistique La Société des archives affectives, dont elle est cofondatrice.
Texte de présentation par Fiona Annis (juillet 2016)
Une étoile double est un système binaire composé de deux étoiles qui sont gravitationnellement liées entre elles. En d’autres termes, les étoiles doubles tournent en paires, tout en poursuivant une orbite commune. Les astronomes sont en mesure d’identifier divers types de systèmes binaires en observant la relation entre les étoiles qui les composent. Ces observations décrivent non seulement leur état actuel, mais elles suggèrent également leurs destinées futures. Les révolutions sidérales est une série d’images qui explore les échanges qui se produisent lorsque des éléments rapprochés s’affrontent au corps à corps. L’exposition se détaille en diverses composantes, comprenant des photographies, des citations, des appareils, ainsi qu’une installation lumineuse, qui prennent comme point de départ les enchevêtrements astraux et leurs reflets terrestres.
Ce travail est né d’un prolongement de mon intérêt constant pour les relations entre la photographie et l’astronomie. En explorant l’histoire des débuts de la photographie, j’en suis venue à comprendre comment la photographie est redevable à la mise au point des lentilles optiques utilisées d’abord par les astronomes. Aujourd’hui, la photographie et l’astronomie partagent toujours le même intérêt pour la lumière et le temps, et elles partagent également l’exploration de ce qui se trouve au-delà de nos perceptions, du connu et des limites du visible. La photographie stellaire par exemple, en réduisant la distance entre l’observateur terrestre et les corps célestes, offre un exemple particulièrement frappant de l’imagerie photographique qui nous permet de rendre visible ce qui ne peut être vu à l’œil nu. Comme la photographie spirite, qui a également cherché à représenter le monde invisible, ces images astrales témoignent des propriétés scientifiques de la photographie, tout en incarnant simultanément le domaine sublime de l’imagination.
— Fiona Annis
Biographie
Née à Glasgow (Écosse) en 1983, Fiona Annis vit et travaille à Montréal. Elle a présenté des expositions dans des centres d’artistes, des galeries et des musées au Canada et à l’étranger, incluant l’Institut AC (New York), le Centre canadien d’architecture (Montréal), l’Université Goldsmith (Londres), les galeries LowSalt (Glasgow), Gallery44 (Toronto), VU Photo (Québec) et The Art Gallery of Alberta (Edmonton). Ses œuvres font partie des collections du Musée des civilisations, de la Penumbra Foundation (New York) et de plusieurs collections privés. Au cours de résidences d’artiste à Rad’art (Italie, 2016), DAÏMÕN (Gatineau, 2016), Caravansérail (Rimouski, 2015), Eastern Bloc (Montréal, 2013) et Penumbra Foundation (New York, 2012), elle revisite des techniques photographiques anciennes, questionnant les façons dont ces dernières peuvent continuer d’éclairer notre contexte contemporain.
Publication
- {Les révolutions sidérales}
Claire Moeder
Fiona Annis : Les révolutions sidérales
Longueuil : Plein sud, centre d’exposition en art actuel
2016, 16 pages
Remerciements
Ce projet a été développé dans le cadre d’une résidence d’artiste à DAÏMÕN et une résidence de recherche au Morbid Anatomy Museum de New York. Il a été imprimé par l’artiste au sein du groupe Post-Image du MILIEUX Institute for the Arts, Culture and Technologie de l’Université Concordia. Le projet a été soutenu par la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC), le Conseil de recherches en siences humaines (CRSH) et Plein sud, centre d’exposition en art actuel. Avec mes remerciements à Fausto Errico, Evergon, Marie Fraser, Harvey Lev et Judith Bauer, Véronique La Perrière M., Claire Moeder, Martin Schop et au clan Annis-Hudson.
À voir également
Résidence d’artiste :
Rad’Art. San Romano, Italie, du 5 au 18 décembre 2016.
Exposition individuelle :
Occurrence. Montréal, Québec, en collaboration avec la Société des archives affectives, du 3 février au 4 mars 2017
Exposition collective :
Gallery 44. Toronto, Ontario, du 9 au 25 mars 2017.