Gilbert Boyer

Parlées

22 octobre au 17 novembre 2002
Œuvres récentes

Vernissage le mardi 22 octobre à 19 h
Un opuscule rédigé par Patrice Loubier a été lancé le jour du vernissage. L’auteur a également prononcé une capsule-conférence

Depuis vingt ans maintenant, Gilbert Boyer joue avec les mots de tous les jours et s’est fait connaître entre autres par ses interventions discrètes mais efficaces dans le tissu urbain. L’exposition Parlées présente une série d’œuvres récentes sur verre sur lequel sont gravés des extraits d’entrevues réalisées par l’artiste et retranscrites dans différentes langues.

Des dessins numériques, notamment des études, complètent l’exposition.

Tefellin no 2 — Se servisse de algoma coisa, 2002
Textes gravés sur verre, pigments de couleur, tissus, 224 x 54 x 4,2 cm
Photo : Isaac Applebaum

Chaque œuvre de verre est constituée d’une plaque contenue dans un boîtier et gravée sur ses deux faces, ce qui multiplie les niveaux de lecture entre le texte gravé, le texte en négatif et les ombres projetées. Ce dispositif crée de nombreux jeux de superposition qui permettent toute une gamme de tons allant du transparent au blanc opaque. De format horizontal et d’assez grandes dimensions, les œuvres induisent l’idée de parcours, idée qui est chère à l’artiste. De loin, le regard peut embrasser la totalité de la surface. Mais pour saisir les détails, il doit s’approcher et la parcourir d’un bout à l’autre. Ce n’est qu’à ce moment que se révèlent les diverses interventions de l’artiste sur et sous le verre : mots, textures, tissus, etc. Puis, c’est avec la mémoire de cette proximité que l’on peut reculer pour voir à nouveau le travail dans son entier. La structure formelle des œuvres reprend également la notion de parcours : les textes sillonnent les plaques de verre et se croisent à l’image de routes ou de cours d’eau sur une carte géographique.

La fragilité du matériau, sa transparence ainsi que les stratégies formelles utilisées sont autant d’éléments qui suggèrent le caractère éphémère du langage parlé, voire le caractère virtuel de l’entreprise de Gilbert Boyer. Les textes sont souvent illisibles : les mots se chevauchent ou traversent des zones opaques et on ne connaît pas toutes les langues ni les différents alphabets représentés. Le contenu des extraits d’entrevues n’est d’ailleurs pas spectaculaire, ni significatif en soi. En fait, ce que l’artiste cherche plutôt à traduire visuellement, c’est l’émotion véhiculée par la façon dont les choses sont parfois dites : les hésitations, les redites, les silences. Le travail de l’artiste peut faire penser à une prise sonore faite au hasard dans une rue où l’on capterait des mots hors de leur contexte, des inflexions, des rythmes, une simultanéité de points de vue. Ce qui émane des œuvres de Gilbert Boyer, c’est l’aspect fugace et vivant de ces multiples voix et la richesse de leurs différences.

— Sylvie Pelletier

Notice biographique

Né à Longueuil en 1951, Gilbert Boyer vit et travaille à Montréal. Titulaire d’une maîtrise en arts visuels (Université Concordia, 1987), il expose depuis 1982 et sa feuille de route est ponctuée d’une vingtaine d’expositions individuelles qui ont été présentées au Québec, ailleurs au Canada ainsi qu’en France. On a aussi pu voir son travail dans le cadre de nombreuses expositions collectives un peu partout au Québec, dans plusieurs villes ailleurs au Canada et à l’étranger, notamment à Paris (France), Villeneuve d’Ascq (France), Édimbourg (Royaume-Uni), Ithaca (New York, États-Unis) et Barcelone (Espagne). Gilbert Boyer est également reconnu pour ses œuvres publiques. Tout au long de sa carrière, il en a réalisé près d’une vingtaine, principalement à Montréal, Toronto, Vancouver ainsi qu’en France. Son travail figure dans plusieurs collections publiques, dont celles du Musée d’art contemporain de Montréal, du Musée du Québec, du Musée d’art de Joliette et du Public Art Fund (New York) ainsi que dans plusieurs collections privées au Canada et en France. Gilbert Boyer est représenté par la Galerie Michèle Chomette à Paris.

Remerciements

Gilbert Boyer remercie le Conseil des arts et des lettres du Québec pour son appui financier. L’artiste tient aussi à remercier tous ceux et celles qui ont bien voulu prêter leurs mots à ces œuvres parlées.

L’œuvre sur papier Vous devez aller à Beyrouth pour savoir, exposée à Plein sud, est publiée dans le numéro 108 (octobre 2002) de la revue Parachute.

Tefellin no 1 — I was wasting time, 2002
Textes gravés sur verre, pigments de couleur, tissus, 224 x 54 x 4,2 cm
Photo : Isaac Applebaum