Pour l’exposition Panorama de l’Anthropocène, Oli Sorenson présente une panoplie d’œuvres créées dans un style hybride qui évoque autant la mise en page carrée d’Instagram, les paysages pixélisés de Minecraft que les peintures géométriques de Peter Halley.
Tandis que Halley faisait référence dans ses tableaux aux cellules de la prison panoptique du philosophe Michel Foucault, les images d’Oli Sorenson rappellent plutôt les infrastructures modulaires des sociétés post-industrielles, des réseaux informatiques aux marchés boursiers, des systèmes de télécommunication aux voies de transport maritime, ainsi que les sites d’extraction minière ou les zones d’agriculture intensive.
Grandement influencé par la création musicale, le DJing [1] et ses modes de diffusion, Sorenson définit sa pratique comme un « art du remix ». Sans tomber dans le pastiche ni la répétition, il remet en question les aspects d’originalité et d’authenticité, à l’ère de la surabondance d’information numérique. Il s’inspire du vocabulaire visuel d’artistes de réputation internationale pour réactualiser leurs formes vers de nouveaux thèmes et matériaux. En privilégiant des actes de citation et de partage, ses œuvres accueillent un éventail plus large de gestes créateurs, plus vaste que celui engendré par un travail solitaire en atelier, afin d’ébranler l’idée selon laquelle la production artistique n’émergerait qu’en vase clos.
Composée de peintures, d’impressions numériques et d’écrans vidéos aux couleurs extrêmement vives, la série présentée à Plein sud est conçue pour occuper tout l’espace mural de la galerie. Par cet accrochage immersif, l’artiste souhaite tracer le portrait des sociétés actuelles et de leurs artefacts qui s’accumulent sur une étendue toujours plus accrue de la Terre, au point d’y causer d’urgentes répercussions écologiques.
Note biographique
Oli Sorenson vit et travaille à Montréal. Sa pratique du remix fut initialement reconnue à Londres où il a participé à plusieurs événements d’art médiatiques présentés entre autres à l’Institute of Contemporary Arts (2003-06), à la Tate Britain (2006) ainsi qu’au British Film Institute (2008-10). Il s’est également illustré sur la scène internationale au Center for Art and Media (Karlsruhe, 2002), à ISEA (Helsinki, 2004), puis aux festivals Mapping (Genève, 2009) et Sonica (Ljubljana, 2012). Depuis qu’il s’est installé à Montréal en 2010, Sorenson a poursuivi ses recherches et peaufiné sa démarche en orientant son travail pour les espaces en galerie. Son travail a plus récemment été présenté à la Power Plant (Toronto, 2014), au festival FILE (Sao Paulo, 2015), à l’exposition Monitoring (Kassel, 2017), à la galerie Art Mûr (Berlin, 2018) et à l’Agence TOPO (Montréal, 2020).
- Engine Bloc
- Esquisse numérique, 2020