L’artiste Véronique La Perrière M., lauréate de la Bourse Plein sud 2009, présente à Plein sud une exposition sur le thème du cabinet de curiosités. Ces cabinets très en vogue au cours des XVIe et XVIIe siècles étaient des lieux où l’on conservait des collections d’objets hétéroclites divers, souvent rares ou inusités. À cet égard, la pratique multidisciplinaire de Véronique La Perrière M., qui fait appel à plusieurs médiums tels que le dessin, l’estampe, la sculpture et la vidéo, s’inspire de l’esprit de ces cabinets antiques.
Dès ses premières réalisations, elle s’intéresse particulièrement à l’espace domestique et aux objets du quotidien dans des oeuvres qui créent des liens étroits entre l’espace intérieur et l’espace extérieur. Par la suite, elle explore le rôle des collections et des archives, ainsi que celui des musées qui les conservent en tant que dépositaires de la grande histoire. Elle met en relief le rôle de la culture dans la construction de l’identité et de la mémoire collective. Plus récemment, elle exploite le thème des cabinets de curiosités, remontant ainsi aux origines des pratiques de collectionnement. C’est ainsi que depuis trois ans l’artiste a développé une collection personnelle qui s’inspire des catégories de classification propres à ces cabinets.
De ce collectionnement nait la série La sirène, l’âne et le bouleau, qui compose l’exposition Le cabinet de réflexion présentée à Plein sud. L’installation propose un assortiment d’images et d’objets insolites qui empruntent à l’allégorie et mettent en scène des personnages et des fictions de nature fantasmagorique. Le visiteur est ici plongé dans un univers étrange où le réel et l’imaginaire s’entrelacent et se confondent. Les objets accumulés par l’artiste deviennent les témoins de lieux de projection d’un espace psychique qui conserve la mémoire du passé et les traces sensibles des êtres et de leur identité.
À l’image de ses premières oeuvres, les mondes du matériel et de l’immatériel s’entrechoquent dans des mises en scène éclatées. Une oeuvre vidéo couplée à un dessin au fusain nous montre l’artiste qui semble s’imbriquer dans les fibres du papier alors qu’elle disparait peu à peu dans la vidéo. Des femmes sans visage se cherchent une identité parmi des amas de petits miroirs. Des ânes à la peau de bouleau s’attroupent autour d’une bergère quelque peu étrange, sans visage et sans vie. Une autre femme revêtue d’une robe aux mille visages semble suspendue dans le temps, alors qu’ailleurs, des gants se transforment en un panache d’orignal ou encore, une branche devient un pied d’âne. Au sein de ce petit théâtre personnel, l’artiste Véronique La Perrière M. explore et interroge tout à la fois le rôle social de l’artiste, celui des institutions muséales, les pratiques de collectionnement, ainsi que notre rapport à ces pratiques en tant que support de la mémoire.
Notice biographique
Véronique La Perrière M. vit et travaille à Montréal. Elle est détentrice d’une maîtrise en arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal et poursuit présentement des études de doctorat à l’Université Concordia. Son travail artistique a été présenté dans différents lieux au Québec et à l’étranger (aux États-Unis, en Australie, au Luxembourg et en Finlande dans le cadre d’une résidence des Pépinières Européennes pour Jeunes Artistes). On a notamment pu voir son travail en 2009 à la Galerie d’art Foreman de l’Université Bishop et en 2008 à la Manif d’art 4 de Québec et à la Galerie McClure de Montréal.
Remerciements
L’artiste remercie les donateurs de la Bourse Plein sud et l’équipe de Plein sud, le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, The Centre for Interdisciplinary Studies in Society and Culture, le Conseil des arts et des lettres du Québec, Trevor Gould, Richard Boudrias, Chantal Cyr, Maryse Dumouchel, Fiona Annis et Jérôme Delgado.