Le projet de réunir les œuvres de Caroline Cloutier et de Martin Désilets a surgi comme une nécessité. Leurs espaces incertains, leur étrange beauté et leur évanescence silencieuse exercent d’emblée une irrésistible attraction. Mues par une volonté commune d’expérimenter le médium de la photographie et de se détacher des conventions de son langage, leurs récentes productions n’offrent à la lecture qu’une prise incertaine. Malgré leurs indéniables attraits plastiques, les œuvres de Caroline Cloutier et de Martin Désilets se livrent difficilement à notre perception, tant elles paraissent éloignées des formes habituelles de reproduction du visible. Pour les comprendre, le regard doit redoubler d’attention tellement leurs surfaces habitées d’ombre et de lumière semblent mystérieuses.
Aux frontières de l’abstraction, ils construisent des lieux inédits, où différentes énergies apposent leurs marques, traversées d’accents tantôt picturaux, tantôt sculpturaux. Ici, les énigmes d’ombre et de lumière, d’échelle et de perspective, d’illusions de profondeur ou d’effets de mouvement créent des espaces paradoxaux qui déstabilisent nos certitudes. Simultanément, par les moyens du numérique, leurs recherches personnelles explorent de nouvelles zones, se tenant à l’écart des conventions traditionnelles de la photographie analogique comme celles de la représentation, de l’empreinte et de la trace
Sous l’initiative de la commissaire Francine Paul, l’exposition à Plein sud regroupe plusieurs œuvres photographiques inédites, qui témoignent de la recherche récente des deux artistes, effectuée notamment lors de résidences à Linz, Rome (Caroline Cloutier), Berlin, Québec (Martin Désilets), dans le Parc national du Gros-Morne à Terre-Neuve et au centre Sagamie à Alma (résidences conjointes des deux artistes). Une publication regroupant le travail récent des deux artistes et un essai de la commissaire sera lancée lors du vernissage. Suite à cette exposition, Martin Désilets effectuera une résidence au Couvent des Récollets à Paris, tandis que Caroline Cloutier prépare une résidence-exposition au Invisible Dog Art Center à New York.
Texte de Francine Paul, extraits de la publication qui accompagne l’exposition
Biographies
Caroline Cloutier pratique la photographie et l’installation. Ses œuvres ont été présentées notamment à Montréal (Centre Circa, Clark, Diagonale et Galerie Nicolas Robert), Toronto (Feature Contemporary Art Fair), Linz (Kunstsammlung des Landes) et Rome (British School at Rome). Elle a régulièrement travaillé dans le cadre de résidences de recherche, notamment à Linz en 2014 et 2016, au Parc National du Gros-Morne à Terre-Neuve en 2016 (avec The Room’s, Saint-Jean, Terre-Neuve) et à Rome en 2017. On trouve ses œuvres dans des collections privées et publiques, dont la Collection Prêt d’œuvres d’art du Musée national des beaux-arts du Québec. Elle est titulaire d’un baccalauréat en arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal et elle est représentée par la Galerie Nicolas Robert.
- Martin Désilets, 9,9 secondes
- 2016, impression au jet d’encre sur papier chiffon montée sur aluminium (photographie), 5 éléments de 125 x 100 cm
Martin Désilets est titulaire d’une maîtrise en arts plastiques de l’Université du Québec à Montréal. Ses œuvres ont fait l’objet de plusieurs expositions, notamment à Montréal (Musée d’art contemporain de Montréal, B-312, Circa, Occurrence et Optica), Laval (Maison des arts), Toronto (G44 Gallery), Oakville (Oakville Galleries), Berlin (The Institut für Alles Mögliche) et Beyrouth (Espace SD). Trois résidences ont été particulièrement marquantes pour l’artiste : à Tripoli au Liban en 2001, à Berlin en 2015, au Parc national du Gros-Morne à Terre-Neuve en 2016 (avec The Room’s, Saint-Jean, Terre-Neuve). Plusieurs de ses œuvres se trouvent dans différentes collections privées et publiques, dont la collection permanente du Musée national des beaux-arts du Québec et celle du Musée d’art contemporain de Montréal.
Historienne de l’art, Francine Paul est directrice artistique de la revue d’art Le Sabord depuis 2015. Antérieurement, elle a été conservatrice de la collection d’œuvres d’art de la Banque nationale du Canada, chargée de cours à l’UQTR et chargée de projet en art public au gouvernement du Québec. Commissaire d’expositions et auteure de textes de catalogues dont le plus récent est Holly King – Edging towards the Mysterious, elle a publié plusieurs commentaires critiques dans les revues spécialisées telles que Parachute, etc, Spirale et Ciel Variable. Elle a également œuvré comme membre et présidente de nombreux jurys dont celui du prix Paul-Émile-Borduas. Depuis sa maîtrise et sa scolarité de doctorat en histoire de l’art, ses recherches portent principalement sur les pratiques artistiques qui actualisent les codes du paysage et les conventions de l’abstraction.
Publication
- Couverture avant
Francine Paul
Énigmes de l’ombre et de la lumière
Longueuil : Plein sud édition
2017, 48 pages
Remerciements
Les artistes tiennent à remercier le Conseil des arts et des lettres du Québec, Francine Paul, Atelier M. Séguin, le centre Sagamie, Photosynthèse, The Rooms et Parcs Canada, Hélène Poirier et toute l’équipe de Plein sud. Martin Désilets tient également à remercier le Conseil des arts de Longueuil.