Maria Simmons

Corps saumâtres

13 sept au 22 nov 2025

Exposition

13 sept au 22 nov 2025

Vernissage

18 sept 2025, 18h

Commissaire

Maude Johnson

Fascinée par les tourbières et les environnements humides, Maria Simmons explore les concepts de contamination, de fermentation et de conservation dans des œuvres qui mêlent science, folklore et mythologie. Sa pratique allie des méthodes de sculptures traditionnelles avec des matériaux organiques et des technologies numériques, de façon à souligner le rapport parfois mystérieux qui existe entre les êtres vivants et non vivants, ainsi qu’entre la technologie et la nature et entre le réel et le virtuel. Inspirées des processus naturels, les œuvres hybrides de l’artiste mettent en lumière le caractère indéfinissable des écosystèmes, particulièrement des tourbières, tout en interrogeant la place de l’être humain au sein de futurs compromis par l’extractivisme.

Dans le cadre de la Manifestation JE/US 2025, Réciprocités, Maria Simmons présente une installation inédite ancrée dans son expérience du fleuve Saint-Laurent et des écosystèmes tourbeux. Ce nouveau corpus découle d’une résidence de création menée au printemps 2024 à Est-Nord-Est, dans la municipalité de Saint-Jean-Port-Joli, où l’artiste a arpenté les berges et suivi le cours des marées. Dans l’atelier, elle a créé des réceptacles en céramique dont les formes organiques amalgament des éléments propres aux eaux salées du fleuve et des organismes issus des tourbières. Composée de céramique, de roseau, de varech, d’eau tannique, d’eau salée et d’eau douce, l’installation sinueuse évoque le mouvement des marées et les changements de salinité liés aux processus d’évaporation et de condensation de l’eau salée, qui retombe en pluie et contribue à alimenter les écosystèmes humides.  

Une araignée se déplace furtivement à travers les plantes carnivores gorgées de liquide. Les différentes sources d’eau au cœur de l’installation, notamment les eaux salées et tanniques, sont essentielles à de nombreuses formes de vie non humaines. Rappelant la texture des algues, les glaçures visqueuses sont parsemées d’éclats verdâtres inspirés des feux follets, ces manifestations lumineuses erratiques souvent repérées au-dessus des sols marécageux. Sous leur surface, les tourbières recèlent des secrets bien gardés. Elles constituent les plus importants lieux de stockage terrestre de carbone et jouent un rôle important dans la régulation des changements climatiques. Grâce aux conditions particulières qui y prévalent, telles que l’acidité de l’eau et l’absence d’oxygène, ces milieux humides contribuent à préserver naturellement les matières organiques qui y sont enfouies. La tourbe renferme parfois même des artéfacts humains, comme le mystérieux « beurre de tourbière », témoin des pratiques ancestrales de conservation des aliments.

À la manière d’un portail, l’installation Corps saumâtres aménage un espace liminal où se rencontrent le passé et le présent, la surface et le monde souterrain, le vivant et le non-vivant, offrant de possibles renouements avec notre environnement et les phénomènes naturels immémoriaux qui le façonnent.

Biographie

Née en Ontario, Maria Simmons vit à Montréal. Elle détient un baccalauréat en beaux-arts de l’Université McMaster et une maîtrise en beaux-arts de l’Université de Waterloo, et poursuit actuellement un doctorat à l’Université Concordia. Ses projets récents ont été entre autres été présentés à Lydgalleriet (Bergen, Norvège), au Charles Street Studio (Toronto, Ontario), au Visual Art Centre of Clarington (Bowmanville, Ontario), au Contemporary Art Museum of Estonia (Tallinn, Estonie) et au San Sheng Art Centre (Markham, Ontario). Elle réalise plusieurs résidences d’artiste, notamment à Fogo Island Arts (Fogo), à Est-Nord-Est (Saint-Jean-Port-Joli), à ED Video (Guelph, Ontario), au Bergen Centre for Electronic Arts (Bergen, Norvège) et à Trinity Square Video (Toronto, Ontario).

Maude Johnson est autrice, commissaire et consultante en art contemporain. À travers l’écriture et le commissariat d’exposition, elle s’intéresse aux pratiques performatives, aux explorations matérielles et aux interconnexions entre nature et culture. De 2017 à 2023, elle œuvre au sein de MOMENTA Biennale, où elle participe à la définition stratégique, au développement de la vision commissariale et à l’amplification du rayonnement de l’organisme. Après quinze années exceptionnelles à Montréal, elle quitte le Québec au printemps 2023 pour s’installer à Squamish, en Colombie-Britannique, entre les montagnes et l’océan, afin de suivre sa passion pour l’escalade. 

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